Gattaz-Hollande : un duo sado-maso

...sur fond de mythe de la Croissance :

 

 

C'est l'auguste et le clown blanc : M. Hollande cède toujours à M. Gattaz, mais M. Gattaz est toujours mécontent : il tord le nez sur les cadeaux de M. Hollande, il les trouve petits, alors qu'ils font perdre au budget des dizaines de milliards. Le pacte de responsabilité ne « créera pas d'emplois », nous dit M. Gattaz, alors que M. Hollande nous dit qu'il en créera. Que veut M. Gattaz ? Toujours plus. Maintenant il réclame l'abaissement du Smic et la généralisation du travail le dimanche [1] ! Après ce sera autre chose... L'idée sous-jacente est de rapprocher (autant qu'on pourra) les normes françaises des normes asiatiques. M. Gattaz tient M. Hollande à la gorge ; c'est pourquoi M. Hollande a toujours la cravate de travers.

C'est que M. Gattaz est irréfutable comme l'éléphant de Vialatte : il invoque « la croissance » qui « créera des emplois ». Il prétend la faire revenir en mettant les Français (les chômeurs ?) au travail le dimanche... Cette pression sur M. Hollande est quasi-physique, tant le mythe de la Croissance reste fort.

Mais que la France tarde à faire travailler les gens le dimanche, n'a rien à voir avec la disparition de la croissance.

C'est dans tout l'Occident capitaliste que la croissance se porte pâle, pour des raisons non pas sociales ni politiques, mais économiques. La baisse de la productivité est constante depuis plusieurs dizaines d'années en Occident : c'est un phénomène global et structurel, non un symptôme du « mal français » que vitupèrent nos élites gallo-ricaines.

Quant à la « croissance » en tant que concept, elle ne désigne aucune réalité. Cet instrument ne mesure que lui-même. Président d'Eurogroup Consulting (conseil aux entreprises), Gilles Bonnenfant écrit dans Le Monde (11/07) : « La croissance est un indicateur, une mesure, rien d’autre. La croissance ne ''crée'' rien, elle constate, a posteriori. De même que le thermomètre en hausse ne « crée » pas la fièvre, la croissance ne ''crée'' aucun facteur économique, et en particulier, ne ''crée'' pas l’emploi. Et de même que '' la carte n’est pas le territoire'', la mesure n’est pas le réel. Personne ne se lève le matin en ayant besoin de croissance, mais tous, nous avons besoin d’emploi. »

La croissance ne mesure que le PIB. Celui-ci ne mesure pas la véritable création de richesse, encore moins les emplois, et il ignore : a) la masse des activités non-monétarisées ; b) les externalités négatives : « les destructions de richesses causées par le processus de leur production » ; c) les variations-destructions des stocks, puisque le PIB ne calcule que les flux.

Le mythe actuel de la « croissance » n'est qu'une nostalgie des Trente Glorieuses, où la courbe du PIB était en corrélation avec celle de l'emploi. Mais il n'y avait pas de lien de causalité entre les deux. Pour preuve, selon Bonnenfant : entre 1914 et 2014, la croissance du PIB français fut gigantesque notamment dans la production agricole ; sur cette même période, les emplois agricoles sont tombés de 39% à 2% de la population active. Pendant ce temps, le processus de destruction d'emplois s'amorçait aussi dans l'industrie et le tertiaire par la mécanisation puis l'informatisation, avant de devenir exponentiel via la mondialisation-délocalisation ! En 2014, « relancer la consommation produit de la croissance en France... et des emplois en Asie. » Aujourd'hui la France « est une championne de la robotique ; il faudrait miser sur ce secteur pour alimenter la croissance. Et, avec des robots, on pourrait supprimer plein d'emplois dans l'aide à la personne... » C'est l'un des aspects de la sulfureuse « croissance sans emplois » à laquelle tend le capitalisme tardif, Medef compris.

Conclusion de Bonnenfant : « Chercher la croissance pour trouver des emplois relève donc du sophisme involontaire. Le bon sens populaire dirait que c'est l'histoire du fou qui cherche sa clé sous le réverbère, parce que c'est là qu'il y a de la lumière. »

 

http://www.eurogroupconsulting.fr/IMG/pdf/Le_Monde_Eco.pdf

 

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[1] revendication libérale typique  - et contraire à la position sociale de l'Eglise.